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1378, Watten, réunie à la châtellerie de Cassel, acquiert
le privilège de la fabrication des draps. C'est dire l'importance
de cette ville qui comptait peut-être alors 5000 habitants. En 1382,
Charles VI, roi de France, défait à Roosebecke les Flamands
révoltés. L'année suivante, ayant acquis la certitude
qu'ils envahissaient de nouveau la région, il entra une fois de
plus en Flandre, sans rencontrer de résistance, poussa jusqu'à
Bergues et Bourbourg, qu'ils détruisit par le fer et le feu, faisant
subir le même sort à Watten. Les habitants furent accueillis
à Saint-Omer. La guerre finie, ils rebâtirent leur ville
qui ne retrouva plus la même importance.
En 1428, le marché hebdomadaire de Watten fut établi malgré
l'opposition faite par la ville de Saint-Omer. Plus tard, Charles Quint
confirma sa création. La même année, Cornil d'Eechout,
seigneur de Watten, approuva l'institution d'une compagnie d'archers sous
le patronage de saint Sébastien. Des privilèges lui seront
accordés par Philipe le Bon, duc de Bourgogne. Cette société
existe encore sous le nom de "Guillaume Tell".
Une guerre étant survenue entre les Flamands et les Anglais, Watten
eut à souffrir de nouveau de cette lutte : monastère entièrement
détruit par les Anglais, église abattue. Une trêve
entre les belligérants, en 1437, permit au prévôt
de les reconstruire en trois ans.
En 1477, lors du siège de Saint-Omer par les armées de Louis
XI, Watten dut supporter les brimades des soldats français. Les
dégâts commis furent considérables. il en fut ainsi
pendant près d'un siècle, surtout lors des guerres d'indépendance
et de religion dans les Pays-Bas, sous le règne du fanatique Philippe
II d'Espagne.
Le monastère de Watten, fortifié, offrait une excellente
position miltaire. C'était à qui s'en emparerait le premier.
Pendant cette longue période de guerre civile, Watten et son monastère
seront pris et pillés nombre de fois. En 1566, les Gueux (6) ,
désignés sous le nom de "briseurs d'images", entrèrent
à leur tour à Watten saccageant la ville et l'église
de la prévôté.
En 1570, le monastère fut rattaché au nouvel évêché
de Saint-Omer par une bulle (7) du pape Pie IV. En 1579, François
de la Noue, chef français et protestant, y logea plusieurs fois,
y plaçant des garnisons. Il finit par y mettre le feu.
Jean de Vernon, évêque de Saint-Omer, fit reconstruire, en
1592, une partie des bâtiments du monastère qui seront occupés
vers 1600 par des jésuites anglais. Ils reçurent en propriété,
en 1608, les terrains du monastère, ainsi que ceux du comté
d'Holque, leur permettant d'ouvrir un pensionnat et un noviciat qui existèrent
jusqu'à la dissolution de l'Ordre en 1764.
Pendant bon nombre d'années, Watten appartint alors, tantôt
à l'Espagne, tantôt à la France, qui se partageaient
tour à tour la domination en Flandre. En 1638, les Français,
conduits par le lieutenant-général de Hallier, s'emparèrent
de Watten. Gaston d'Orléans, voulant conserver ce poste (alors
que l'armée française assiégeait Saint-Omer), fit
rétablir les fortifications sur la hauteur et en éleva d'autres
autour de l'église paroissiale. Mais, dans la nuit du 3 au 4 juin,
le général espagnol, comte de Fontaine, attaqua et reprit
la ville. Les Espagnols inondèrent tout le pays de Watten à
Saint-Omer, dont ils avaient entrepris le siège, en établissant
un long barrage au "défilé" de Watten. La ville
et le fort placé au haut de la côte restèrent espagnols
jusqu'au 10 août 1643, jour où le maréchal de Gassion
s'en empara à son tour. Profitant de l'absence des partisans français
répandus dans les environs pour "faire du butin", les
Espagnols reprennent la ville qui sera assiégée par le maréchal
un an plus tard. Ce ne fut qu'àprès deux jours d'assaut
que les fortifications purent être enlevées. Trois ans après,
Watten retombait aux mains des Espagnols qui rasèrent les fortifications
en 1650.
En 1657, Turenne, voulant refouler les Espagnols sur Dunkerque, logea
au monastère et y établit un camp. On peut encore voir des
traces de ce passage telles que des levées de terre et des tranchées-abris.
Puis, Turenne se dirigea sur Mardyck dont il s'empara pour le livrer aux
Anglais. A la paix des Pyrénées (8) , en 1659, Watten fut
rendue à l'Espagne jusqu'au 26 février 1677, date à
laquelle le régiment du marquis de Villars l'occupera de nouveau,
cette fois définitivement. Watten sera, en effet, réunie
à la France par le Traité de Nimègue en 1678.
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